Handicap

Insertion par le travail : l’autonomie au cœur du dispositif de Log’Ins

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RecycLivre sous-traite la logistique des milliers de livres qui transitent par ses entrepôts à Log’Ins, une entreprise de réinsertion par le travail qui n’accueille que des personnes en situation de handicap. Yves de Beauregard, directeur de Log’Ins Île-de-France nous décrit son action très spécifique.
deux femmes se regardent

Vous êtes partenaire de RecycLivre, quelle est votre activité précise ?

Le cœur de notre métier est la logistique d’entrepôt. Nous recevons la marchandise que nous préparons pour nos clients : RecycLivre, Veja, ou encore SFR. Nous traitons les retours de box pour eux.

Nous sommes une filiale du Groupe Ares. Ce groupe d’entreprises et d’associations à but non lucratif, favorise le retour à l’emploi de personnes en situation d’exclusion. Nous aidons à la réinsertion dans et par le travail. Nous nous adressons uniquement aux personnes reconnues handicapées par la Maison Départementale pour les Personnes Handicapées (MDPH). Ces même personnes qui sont en grande difficulté vis-à-vis de l’emploi.

Comment les identifiez-vous ?

Ils sont envoyés par Pôle Emploi, Cap Emploi, les missions locales, les associations ou encore par les assistantes sociales. Cependant notre structure a dix ans. Nous sommes connus dans l’Essonne et dans la banlieue lyonnaise, où nous avons une antenne.

Nous agissons comme un sas car nous permettons de reprendre pied dans le monde du travail. Notre population est plutôt composée de gens qui dorment sur le canapé chez les uns et les autres.

C’est un cercle vicieux. Sans toit, nous ne pouvons pas chercher sereinement du travail. Sans travail les ennuis s’accumulent :  endettement, dépendance à des produits, problématiques médicales…

“Nous croyons que les gens en grande difficulté peuvent retrouver le monde classique du travail”

Yves de Beauregard, Directeur de Log’Ins Ares

Comment les aidez-vous ?

Nous les accueillons (notre critère de sélection c’est « tu peux, tu veux ») et nous vérifions qu’ils peuvent travailler pour nous.

Après les avoir embauchés via un contrat à durée déterminée d’insertion (CDDI), nous examinons leurs freins à l’emploi : pourquoi sont-ils arrivés chez nous ? Nous les accompagnons dans la reprise du travail : ils n’ont pas travaillé depuis 5 ans en moyenne, et ils doivent se réhabituer, ce qui peut prendre jusqu’à un an.

Nous les aidons à régler leurs problèmes, à actionner le droit au logement par exemple, grâce à nos chargés d’accompagnement socio-professionnel. Des personnes dédiées à l’insertion professionnelle et à l’aide sociale.

Une fois les problèmes connexes réglés, nous évoquons avec eux leur projet professionnel. Certains ont des idées très précises, d’autres moins. Beaucoup restent dans la logistique, parce qu’ils y arrivent et que c’est un secteur qui embauche.

Pour ceux qui ont une idée précise (chauffeur de bus, assistante maternelle…), nous réfléchissons aux compétences nécessaires : soit ils les ont, et nous les aidons à chercher du travail, soit il faut acquérir de nouvelles compétences, et nous cherchons des formations adéquates.

Nous utilisons beaucoup les PMSMP – Périodes de Mise en Situation en Milieu Professionnel – c’est-à-dire la possibilité de passer 15 jours chez un employeur potentiel, comme une sorte de période d’essai pendant laquelle nous continuons à les payer.

Quelle est la différence avec un emploi protégé, type ESAT ?

Nous croyons que les gens en grande difficulté peuvent retrouver le monde classique du travail. C’est une posture plus inclusive que celle des ESAT (Etablissement et Service d’Aide par le Travail), des établissements médico-sociaux de travail protégé, où les personnes en situation de handicap peuvent rester aussi longtemps qu’ils le souhaitent.

Chez nous, ils restent au maximum deux ans, et en moyenne 15 mois, puis ils vont travailler ailleurs. Si on les garde trop longtemps, ils ne veulent plus partir. On s’efforce de réinjecter de la confiance en soi pour qu’ils osent aller ailleurs. Et ça fonctionne pour les ¾ d’entre eux.

Pour ceux qui ne trouvent pas de travail, nous essayons de les renvoyer sur d’autres parcours. En 2018, nous accueillions 40 personnes, et aujourd’hui elles sont une centaine. A l’époque nous étions précurseurs. Maintenant, il existe les emplois Tremplins, un dispositif pour favoriser l’insertion professionnelle de personnes en difficulté, et de nombreuses associations utilisent ce type de dispositif. Et c’est une bonne chose.

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Par Véronique Pierré