
La discrimination liée au physique désigne un traitement défavorable envers une personne en raison de son apparence. Cela peut concerner son poids, sa taille, sa couleur de peau, une cicatrice visible, son style vestimentaire ou encore son âge apparent. En France, cette forme de discrimination est interdite par la loi, au même titre que la discrimination fondée sur le sexe, l’origine ou l’âge. Pourtant, dans les faits, elle reste très présente. Quels sont les impacts de la discrimination liée à l’apparence physique ? Tout ce qu’il faut savoir.
Quelles formes la discrimination liée au physique prend-elle en milieu professionnel ?
Dans le monde du travail, la discrimination liée à l’apparence physique peut s’exprimer à différents moments : à l’embauche, tout au long du parcours professionnel, mais aussi dans les interactions quotidiennes.
Des freins dès le recrutement
Dès l’entretien d’embauche, les apparences peuvent influencer les décisions. Certains recruteurs, même inconsciemment, privilégient les profils correspondant à une image « valorisante » de l’entreprise.
Ainsi, une personne en surpoids, un candidat au look atypique ou une collaboratrice portant le voile peuvent voir leur candidature écartée, sans que leurs compétences soient réellement évaluées.
Ces jugements, fondés sur des stéréotypes, ferment des portes à compétences égales. Cela réduit les chances d’accès à l’emploi pour certaines personnes et freine la diversité dans les entreprises.
Une carrière ralentie
Même une fois recruté, un salarié peut faire face à des obstacles dans l’évolution de sa carrière. Il peut se voir confier des missions moins valorisantes, être exclu des projets visibles et avoir du mal à accéder à des postes à responsabilité.
Ce biais esthétique est sournois : il n’est souvent pas formulé clairement, ce qui le rend difficile à dénoncer. Mais ses effets sont bien réels.
Des comportements quotidiens blessants
La discrimination physique au travail ne se joue pas uniquement dans les décisions RH. Elle s’exprime aussi dans les interactions du quotidien avec les collègues : moqueries, remarques déplacées, blagues récurrentes ou encore mise à l’écart lors de déjeuners ou événements d’équipe.
Ce climat de travail peut devenir pesant, voire toxique, surtout lorsqu’il s’inscrit dans la durée. La répétition de ces comportements constitue une forme de harcèlement discriminatoire, reconnu par la loi.
Le saviez-vous ? La discrimination en milieu professionnel est une réalité pour près d’un quart des actifs. Les motifs les plus souvent évoqués sont l’apparence physique et le sexe (40 % chacun), ainsi que l’état de santé (30 %).[1] |
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Quelles sont les conséquences psychologiques pour les salariés ?
Être jugé ou mis à l’écart à cause de son physique a un coût émotionnel élevé. Ces atteintes à la dignité fragilisent l’équilibre psychologique et peuvent provoquer un mal-être profond.
Un sentiment de rejet
La discrimination physique génère un fort sentiment d’injustice et de rejet. Le salarié peut avoir le sentiment de ne pas être reconnu à sa juste valeur et que ses efforts et ses compétences passent au second plan. Cette frustration est d’autant plus marquante qu’elle touche à l’image de soi.
Perte de confiance et d’estime de soi
À force de recevoir des messages dévalorisants, certaines personnes finissent par intégrer les critiques. Conséquence ? Leur estime de soi baisse, tout comme leur confiance dans leurs capacités. Ce manque de reconnaissance peut conduire à un désengagement progressif, voire à une forme de renoncement.
Stress, anxiété, voire dépression
La peur du jugement, l’humiliation, ou simplement le fait de ne pas se sentir accepté dans son environnement professionnel, génèrent du stress et de l’anxiété. Chez certaines personnes, cela peut même aller jusqu’à un syndrome d’épuisement professionnel (burn-out) ou à des épisodes dépressifs.
Baisse de motivation et de performance
Face à un environnement perçu comme injuste ou hostile, la motivation s’effondre. Après tout, pourquoi s’investir quand l’effort n’est pas reconnu ? Cette démobilisation peut conduire à une baisse de performance, mais elle est en réalité le symptôme d’un système défaillant, pas d’un manque de compétences.
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Quelles sont les conséquences professionnelles pour les personnes discriminées ?
Les effets de la discrimination sur l’apparence physique ne s’arrêtent pas au psychologique. Ils impactent aussi directement la trajectoire professionnelle.
Des carrières freinées
Les personnes discriminées sont souvent moins promues, moins reconnues et stagnent à des postes qui ne correspondent pas à leur potentiel. Ce blocage dans l’évolution est une source de frustration, mais aussi d’inégalité durable.
Des inégalités salariales
Cette stagnation se traduit aussi sur la fiche de paie. Moins de promotions, moins de responsabilités… donc moins de rémunération. Au fil des années, cela crée un écart salarial significatif entre salariés à compétences égales.
Un taux d’absentéisme plus élevé
Fatigue psychologique, perte de sens, désengagement… Les salariés victimes finissent parfois par s’absenter davantage, voire par quitter l’entreprise. Selon les enquêtes, près d’un tiers d’entre eux démissionnent ou négocient un départ [2]. Ce turnover subi a aussi un coût pour les entreprises : perte de talents, instabilité, démotivation collective.
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Comment agir ?
Reconnaître que l’apparence physique peut être une source de souffrance et d’inégalité est une première étape indispensable. C’est aussi une obligation légale pour les employeurs, qui doivent protéger la santé mentale de leurs salariés.
Pour cela, plusieurs leviers existent :
- des campagnes de sensibilisation sur les stéréotypes ;
- une charte de diversité claire ;
- une politique de recrutement inclusive ;
- un signalement facilité pour les salariés concernés ;
- une culture d’entreprise fondée sur la reconnaissance et le respect.
Source [1] : https://www.groupe-legrand.com/evenements-et-publications/discrimination-au-travail-et-risques-psychosociaux/
Source [2] : https://www.groupe-legrand.com/evenements-et-publications/discrimination-au-travail-et-risques-psychosociaux