Protections périodiques : comment Marguerite & Cie transforme leur accès

En 2018, Gaële Le Noane a plaqué son métier d’orthophoniste pour lancer « Marguerite & Cie », une start-up qui souhaite donner aux jeunes élèves et aux salariées un accès gratuit à des protections périodiques saines. Depuis 2021, la société vend notamment des distributeurs aux entreprises souhaitant améliorer la qualité de vie au travail de leurs salariés et favoriser l’inclusion de tous. 

Quelle est la genèse de Marguerite & Cie. ? 

J’ai créé mon entreprise en 2018, après avoir pris connaissance des études publiées en 2017 par la Direction générale de la Concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) sur la composition des tampons et des serviettes hygiéniques, un achat contraint. On y apprend qu’ils contiennent des substances toxiques (dont des perturbateurs endocriniens) et polluantes (comme le plastique). Dans le même temps, je me suis aperçue que les règles des femmes étaient une véritable source d’inégalités. Chaque année, 130 000 collégiennes et lycéennes manquent régulièrement leurs cours, faute de moyens suffisants pour se procurer des protections périodiques. Dans les écoles, on peut donc parler de précarité menstruelle, qui impacte directement les chances de réussite des jeunes filles. C’est pourquoi nous nous sommes adressés aux collèges, aux lycées ainsi qu’aux collectivités, à qui nous avons proposé des distributeurs de protection périodiques saines et gratuites. 

Pourquoi vous êtes-vous intéressée au domaine de l’entreprise ? 

En 2021, nous avons en effet commencé à démarcher les entreprises, non pas dans une logique de précarité menstruelle – les femmes salariées n’étant pas concernées – mais dans une logique d’amélioration de la qualité de vie au travail et d’égalité homme-femmes, puisque les protections périodiques représentent un coût pour les femmes, qui gagnent déjà moins que les hommes. De la même manière qu’on ne demande pas aux salariés de venir travailler avec leur papier toilette, on ne devrait pas demander aux femmes de venir au bureau avec leurs propres protections périodiques. Depuis 2021, 500 entreprises ont déjà installé, dans leurs toilettes, nos distributeurs, notamment des grands groupes comme la SNCF, McDonald’s, Colissimo… Généralement, lorsque les entreprises mettent en place cette initiative, c’est parce qu’elle entre dans un programme plus global sur l’amélioration de la marque employeur ou la mise en œuvre d’une politique RSE. 

Alors que le congé menstruel est expérimenté au sein d’un nombre croissant d’entreprises, les règles sont-elles encore un sujet tabou dans le monde professionnel ?  

Même si les choses évoluent dans le bon sens, les règles sont encore un impensé social voire même un sujet sale, dont on ne doit pas parler ! Et pourtant, il concerne la moitié de la population pendant l’équivalent de 7 ans de la vie. Aujourd’hui, le monde du travail reste pensé par les hommes, pour les hommes ! Notre solution de distributeur de solutions périodiques saines permet ainsi de diminuer la charge mentale des femmes sur le sujet des règles, donc d’améliorer leur concentration au travail. Notre ambition est aussi de réduire leur niveau de stress et la fameuse « angoisse de la tâche », que toutes les femmes connaissent. Sans compter qu’il existe des secteurs d’activité très contraints (comme celui de l’agroalimentaire), où les femmes ne peuvent pas quitter leur poste facilement ou même simplement glisser des protections périodiques dans leurs poches. Pour les entreprises, s’emparer de ce sujet c’est donc favoriser l’inclusion de l’ensemble de leurs salariés. 

Une salariée témoigne  

« J’ai connu Onepoint avant et après l’installation des distributeurs, et c’est un vrai changement. Mes cycles sont irréguliers, sans symptômes précurseurs, ce qui rend difficile d’être toujours préparée. Avoir ces protections à disposition dans les toilettes me permet de me sentir plus sereine, sans la gêne de devoir en parler à mes collègues. Ces distributeurs sont vraiment une aide devenue indispensable au quotidien », explique Cynthia Goupillot, Leader Finance au sein du cabinet de conseils Onepoint. 

Précarité menstruelle : le gouvernement s’empare du sujet ! 

Parmi les mesures de la loi de financement de la Sécurité Sociale pour 2024, figure la lutte contre la précarité menstruelle, qui toucherait 4 millions de femmes selon une étude menée par OpinionWay pour Règles Élémentaires (versus 1,7 million en 2019). Depuis le 1er septembre 2024, la loi prévoit le remboursement de protections menstruelles réutilisables (culottes et coupes menstruelles) pour les assurées de moins de 26 ans ainsi que pour les bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire (C2S), sans limite d’âge. 

Les chiffres clés à retenir  

31 % des femmes menstruées âgées de 18 à 50 ans dont 44 % de celles âgées de 18 à 24 ans rencontrent des difficultés pour acheter des protections à cause de leurs faibles revenus. 86 % des personnes concernées par la précarité menstruelle pensent que leur situation ne va pas s’améliorer, du fait de l’inflation. 

Source : enquête OpinionWay, mars 2023 

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