France Travail lance un fonds de solidarité pour ses salariés aidants  

En septembre 2024, France Travail a reçu le prix « Entreprise et Salariés Aidants 2024 », organisé par Audiens, pour le fonds de solidarité que l’organisme public lancera en 2025 à destination de ses agents aidants. Une initiative qui parachève un programme global en faveur des aidants, comme l’explique Hervé Coudurier, Responsable du département Qualité de Vie au Travail de France Travail.  

Comment le sujet de l’aidance a-t-il émergé au sein de France Travail ? 

Il a émergé dès 2014. À l’époque, une communauté d’aidants s’était spontanément créée au sein de notre réseau social interne appelé « Pôle ». Elle regroupe toujours 600 agents, qui échangent régulièrement sur leur quotidien d’aidants et s’entraident. Dans le cadre d’un accord que nous étions en passe de renégocier sur le handicap, nous avons donc choisi d’écouter leurs besoins et d’instaurer une mesure pour accompagner les aidants familiaux qui accompagnent des proches en situation de handicap. En 2019, nous avons souhaité aller plus loin. Nous avons déployé des « actions test » comme des webinaires sur l’aidance ainsi que des formations à destination des managers afin de mieux appréhender les besoins sur le sujet. En 2022, lorsque nous avons négocié un accord en faveur de la qualité de vie au travail, nous avons dédié un chapitre entier à l’aidance. 

Combien de salariés sont déclarés comme aidants au sein de France Travail ?  

Les chiffres d’une étude de Kantar notamment disent qu’1 salarié sur 5 assume aujourd’hui un rôle de proche aidant. D’ici 2030, cela devrait être 1 sur 4… Au sein de France Travail, nous n’avons pas de chiffre précis. Nous savons qu’il touche a minima les 600 personnes présentes dans la communauté de notre réseau social interne. Nous avons toutefois lancé, en août 2024, un nouveau dispositif qui pourrait nous aider à mieux identifier nos aidants. Il s’agit d’une plateforme qui permet aux aidants d’être accompagnés, de manière personnalisée, sur le volet social. Concrètement, des assistants sociaux les aident dans leurs démarches administratives et financières – par exemple lorsqu’il s’agit d’inscrire un proche dans un EHPAD – leur présentent les aides à la personne dont ils peuvent bénéficier pour leur proche… Cette plateforme répond à un vrai besoin : 92 personnes sont déjà accompagnées et ce nombre est important pour un lancement. 

Selon vous, pourquoi les aidants se rendent-ils peu visibles sur leur lieu de travail ?   

Même si le télétravail a entremêlé les sphères personnelles et professionnelles de nos agents, l’aidance reste un sujet qui relève de l’intime. Sur nos 54 000 salariés, comme dans beaucoup d’entreprises, beaucoup d’agents doivent certainement assumer un rôle d’aidants mais ne souhaitent pas « sortir du bois ». Quand ils en parlent sur leur lieu de travail, c’est généralement parce qu’ils sont à cours de ressources et n’ont donc d’autre choix que de demander un accompagnement. Il est également probable que les aidants s’organisent de manière locale, avec leur propre manager pour bénéficier d’horaires aménagés ou avoir davantage de jours de télétravail. Or, ces aménagements ne remontent pas toujours jusqu’à nos oreilles. Une autre explication est la méconnaissance des dispositifs dont les aidants peuvent bénéficier. Quoiqu’il en soit, notre volonté est de prévenir la désinsertion professionnelle de ces agents. 

En 2025, vous déploierez un fonds de solidarité à destination des aidants. En quoi consistera-t-il ? 

Nous avions envie d’aller plus loin que le don de jours de congés, qui suppose que l’aidant fasse connaître sa situation, se rende « visible » pour en bénéficier. Nous avons donc créé un fonds de solidarité, qui est en quelque sorte un « pot commun ». Dès le premier trimestre 2025, nos agents pourront l’alimenter en faisant don de leurs jours de congés, à tout moment de l’année, de manière anonyme et sans contrepartie. Pour le lancement de ce dispositif, qui sera géré par le service des ressources humaines, France Travail abondera d’emblée ce fonds de solidarité de 600 jours. Ces jours permettront à nos aidants d’accompagner leurs proches au quotidien, mais aussi de bénéficier de jours de répit pour prendre soin de leur santé et se reposer. Avec ce fonds de solidarité, nous voulons aussi donc prendre soin de celles et ceux qui prennent soin des autres. 

Prévoyez-vous de faire incarner le sujet de l’aidance par des « rôles modèles » ?  

Certains agents sont d’ores et déjà prêts à témoigner sur le sujet. Nous sommes sollicités par plusieurs agents qui souhaitent partager leur expérience, raconter les épreuves qu’ils ont vécues… Ces témoignages pourraient enrichir les actions de sensibilisation que nous souhaitons mener sur l’aidance. Pour autant, nous ne savons pas encore quelles formes prendront ces témoignages. Cela pourrait être par le biais de « rôles modèles », mais aussi d’interviews, de podcasts, de groupes de paroles… Nous réfléchissons actuellement à trouver le support de communication adéquat. En parallèle de l’aidance, nous souhaitons travailler sur un autre sujet : la santé mentale, grande cause nationale pour l’année 2025. Notre projet est notamment d’aider les managers à identifier les signaux faibles pour, in fine, réussir à alléger la charge mentale de certains salariés. 

Aidance : les chiffres clés à retenir  

  • La France compte entre 8 et 11 millions de proches aidants,  
  • 61 % des aidants exercent, en parallèle, une activité professionnelle, 
  • 25 % des employés osent informer leur management de leur rôle d’aidant,  
  • Le temps d’aidance hebdomadaire est de 9,8 heures, 
  • L’âge moyen du salarié aidant est de 42,2 ans. 

(Source : étude Kantar pour Axa et Observatoire de l’OCIRP) 

Par Aurélie Tachot 

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