Inclusion

Aidants : « Rendre le label Cap’Handéo plus accessible pour les TPE-PME »

La double responsabilité des salariés aidants peut poser des défis significatifs, impactant à la fois leur vie personnelle et leur performance au travail. En réponse à cette réalité, le Groupe Handéo a créé le label « Entreprise engagée auprès de ses salariés aidants ».

D’ici 2030, un actif sur quatre sera aidant, selon une étude d’Ocirp-Viavoice. Pour aider les petites entreprises à s’emparer du sujet, le groupe Handéo a fait évoluer son label.

Les explications d’Aurélie Pierre Léandre, directrice de Handéo Services. 

Pourquoi avez-vous ouvert votre label aux petites entreprises ?      

Notre label « Entreprise engagée auprès de ses salariés aidants », qui a été lancé en 2019, était déjà ouvert aux TPE et PME, qui représentent plus de 90 % des entreprises françaises. Pour autant, il n’était pas tout à fait adapté à cette typologie d’entreprises. Les petites entreprises labellisées nous ont fait part de leur retour, notamment des difficultés qu’elles rencontraient sur le terrain. Par rapport aux grands groupes, elles disposent de moyens différents pour adresser le sujet de l’aidance et d’un temps plus restreint. Nous avons donc décidé de rendre le dispositif de labélisation plus accessible pour elles, sans en dégrader ses exigences. Le label leur permet aujourd’hui de mieux structurer leur politique en faveur des salariés aidants, sur la base de leurs besoins spécifiques. 

Quelles sont les difficultés des TPE-PME en matière d’aidance ?

Ce que nous constatons, c’est que les TPE et les PME abordent le sujet de l’aidance de façon empirique. Elles trouvent des solutions au cas par cas, en fonction de la situation qu’elles rencontrent à un moment donné avec un de leurs salariés. Mais lorsqu’il s’agit de généraliser ces solutions à l’ensemble de leurs collaborateurs, elles ne savent généralement pas par où commencer et comment les porter à la connaissance de leurs salariés. Par ailleurs, nous constatons également que les dirigeants de TPE-PME et les cadres intermédiaires sont en quête d’informations sur l’aidance, ses enjeux, mais aussi son socle légal, les dispositifs qui peuvent être mobilisés via leur contrat prévoyance et retraite complémentaire, les initiatives déployées par les autres entreprises… 

Comment ces entreprises peuvent-elles obtenir le label ?     

Le label s’appuie sur un référentiel qui a été rédigé par un collectif de 20 partenaires (entreprises, fédérations, associations…). Il liste les caractéristiques qualités, elles-mêmes découpées en six chapitres, qu’une TPE-PME doit mettre en œuvre en matière d’aidance :  

  • Établir un diagnostic et définir un plan d’actions, 
  • Informer les salariés sur les droits des aidants, les dispositifs et les ressources mobilisables,  
  • Mobiliser les parties prenantes internes et mettre en place une fonction de « référent aidant »,  
  • Sensibiliser et former les dirigeants et les managers de proximité,  
  • Proposer des solutions adaptées et accompagner les salariés aidants,  
  • Mesurer l’impact et améliorer en continu ses actions. 

Après avoir travaillé sur ces attendus, les TPE-PME peuvent soumettre leur candidature. Un auditeur se déplace ensuite dans l’entreprise : pendant une journée, il interroge les salariés, les aidants, la direction générale… Son rapport d’audit est enfin présenté en Comité national de suivi, composé d’associations militantes, d’entreprises, de partenaires… Après avoir croisé ses regards, ce comité émet un avis négatif ou positif sur la labellisation, qui est obtenue pour trois ans.  

Comment accompagnez-vous les TPE-PME dans ces étapes de certification ?  

En amont du dépôt de leur candidature, nous proposons aux TPE-PME d’assister à six ateliers de travail pour, d’une part, les aider à poser un diagnostic sur leur situation, notamment en passant en revue les six chapitres sur lesquelles elles sont attendues et, d’autre part, pour établir avec elles un plan d’action. À cette occasion, nous leur donnons par exemple des idées sur les dispositifs qui existent déjà dans les autres entreprises afin qu’elles puissent s’en inspirer. Ensuite, les TPE-PME travaillent pendant environ six mois avant d’être auditées. Généralement, cette labellisation leur permet de tirer un fil rouge pour aborder d’autres sujets liés à la RSE, aux ressources humaines… Une fois qu’elles sont labellisées, nous restons en contact avec elles afin de les maintenir dans une dynamique de progression permanente. 

Aidants : les chiffres clés à retenir 
 
35 ans : c’est l’âge moyen auquel les salariés deviennent aidants, 
57 % des salariés aidants se disent en difficulté en entreprise, du fait de la charge mentale, 
25 % de salariés aidants ont informé leur employeur de leur situation, 
9,8 heures : c’est le temps moyen par semaine que les aidants passent pour aider leur proche, 
Pour 8 DRH sur 10, les salariés aidants développent des compétences utiles à l’entreprise, 
81 % de DRH estiment que le soutien aux aidants est un levier de performance pour l’entreprise. 
 
(Source : Observatoire Ocirp-Viavoice, octobre 2023) 
 
Aidance : les PME sont (aussi) concernées ! 
 
Une étude menée par le groupe BPCE auprès des TPE-PME indique qu’un quart (23 %) comptent des salariés aidants dans leurs effectifs (voir graphique). Les responsables interrogés privilégient une approche au cas par cas (52 % des réponses). Peu (1 %) déclarent avoir mis en place une politique structurée. Pour les TPE-PME, l’aidance est donc une réalité tangible. Pour autant, elles se sentent démunies sur le sujet. 

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