Homophobie au travail : comment la combattre ? 

L'homophobie, les actes et propos homophobes sont encore trop présents au sein des entreprises. Cela induit un climat hostile, une discrimination gratuite mais aussi des inégalités entre deux collaborateurs à compétences égales. Découvrez dans cet article comment combattre l'homophobie au quotidien.
un homme noir se tient la tête dans une classe, d'autres élève le regarde

Discrimination à l’embauche, stratégies d’évitement, insultes, menaces… L’homophobie prend plusieurs formes au sein des entreprises. Malgré leurs initiatives pour rendre leur environnement de travail plus égalitaire, les comportements homophobes perdurent au sein des équipes. Nos pistes pour les combattre efficacement à l’échelle de l’entreprise. 

Homophobie au travail : un sujet tabou 

Selon l’association SOS Homophobie, le terme « homophobie » (apparu dans les années 70) désigne “le mépris, le rejet, l’exclusion, la haine envers des personnes”. “Il s’agit aussi des pratiques ou des représentations homosexuelles ou supposées l’être”. Est considéré comme « homophobe » un individu ou une organisation ne reconnaissant pas les mêmes droits aux hétérosexuels et aux homosexuels. Si les entreprises se sont largement emparées du sujet ces dix dernières années, elles manquent encore cruellement d’impact auprès de leurs salariés. Et pour cause : en France, l’orientation sexuelle reste encore un sujet relevant de la vie privée qui ne doit pas empiéter sur la sphère professionnelle.  

Les raisons de ce manque de visibilité sont plurielles :  

  • L’auto-censure des LGBT (qui nuit à leur bien-être au travail),  
  • La sous-déclaration des actes homophobes (par crainte de révéler son orientation sexuelle),  
  • Le manque de soutien de la part de la hiérarchie, 
  • La timide mobilisation des employeurs pour prévenir l’homophobie, 
  • La difficulté à être reconnue comme victime (du fait de la banalisation de l’homophobie)… 

Résultat : une personne LGBT sur deux est invisible dans son organisation, selon la 3e édition du baromètre mené par l’IFOP pour L’Autre Cercle en 2022. Par ailleurs, 7 personnes LGBT sur 10 vivant en couple ont déjà volontairement omis de faire référence au sexe de leur conjoint(e) au travail.  

Quelles sont les manifestations de l’homophobie au travail ? 

Les comportements homophobes prennent plusieurs formes et interviennent à différents moments de vie au sein de l’entreprise, depuis le recrutement jusqu’au départ du collaborateur homosexuel, en passant par son évolution de carrière. Quand elle ne se manifeste pas par une discrimination à l’embauche, du fait de stéréotypes qui ont encore la vie dure, elle s’exprime par des agressions (verbales, physiques…). Selon le baromètre de L’Autre Cercle, 30 % des LGBT ont déjà été victimes d’une agression LGBTphobe au sein de leur organisation, versus 26 % en 2020.  

Voici quelques exemples de manifestation de l’homophobie au quotidien : 

  • des insultes ou injures à caractère diffamatoire, 
  • une mise à l’écart des autres salariés,  
  • des moqueries désobligeantes ou des propos vexants, 
  • des actes de violences physiques,  
  • des menaces, 
  • un harcèlement moral… 

L’évolution de carrière est, elle aussi, freinée par des comportements homophobes. Selon L’Autre Cercle, 26 % des LGBT ont déjà été victime de discrimination de la part de leur direction, versus 20 % en 2020.

À ce stade, l’homophobie se manifeste surtout par :  

  • des inégalités dans le déroulement de carrière (refus de promotion),  
  • des inégalités dans la rémunération,  
  • des inégalités dans les missions confiées (mise au placard, relégation à des fonctions subalternes…),  
  • des ruptures de contrat de travail poussées par une pression à la démission… 

À noter que pour les femmes lesbiennes, c’est la double peine en entreprise. Elles se confrontent à la fois à des comportements « lesbophobes » et des agissements sexistes. Selon l’étude « Voilat » menée par L’Autre Cercle et l’IFOP en 2022, deux tiers des femmes lesbiennes sont invisibles auprès de leurs collègues et de leur hiérarchie. Cette invisibilité se manifeste par un certain nombre de renoncements. Celui de participer à un évènement proposé par l’entreprise où les conjoint(e)s sont invités (41 % des réponses) ou de prendre un congé pour l’accueil d’un enfant (33 % des réponses). 

Quels sont les moyens de combattre l’homophobie au travail ?  

Pour tenter de réduire les comportements homophobes au travail et mettre en œuvre un environnement de travail plus inclusif, les entreprises peuvent actionner plusieurs leviers :  

  • Sensibiliser leurs équipes aux difficultés d’intégration des salariés homosexuels. Le groupe Orange accompagne ses RH sur l’accompagnement des LGBT souhaitant se rendre visibles sur leur lieu de travail,  
  • Déconstruire les stéréotypes et préjugés sur l’homosexualité, 
  • Réduire les biais dans le processus de recrutement. S’outiller de tests ou de questionnaires de personnalité, rendre anonymes les CV…)
  • Promouvoir la diversité en interne via des actions de communication fortes. Ses actions sont destinées à l’interne et à l’externe (dont la marque employeur),  
  • Faire porter les messages d’inclusion à la direction générale, au plus haut niveau hiérarchique, 
  • Inviter des salariés homosexuels et des alliés à témoigner, à partager leurs ressentis,  
  • Créer un réseau de collaborateurs LGBT & alliés en interne comme BNP Paribas avec « BNP Paribas Pride », L’Oréal avec « Out@L’Oréal »… 
  • Mettre en place des canaux de signalements rapides pour agir efficacement en cas d’abus. Mettre en place des dispositifs d’alerte, comme c’est le cas chez Audiens, Engie… 
  • Proposer un accompagnement psychologique et juridique aux victimes d’homophobie. 

La Charte d’Engagement LGBT+ de l’Autre Cercle

La Charte d’Engagement LGBT+ de L’Autre Cercle promeut l’inclusion des personnes LGBT+ dans le monde du travail.
La signature de cette charte par les employeurs marque leur engagement concret à intégrer les thématiques LGBT+ dans leurs politiques de diversité et de prévention des discriminations.

En signant cette charte valable pour 3 ans, les organisations affirment leur volonté de reconnaître et valoriser la diversité des orientations sexuelles et des identités de genre. Elles s’engagent également à sensibiliser leurs parties prenantes et à promouvoir l’inclusion des personnes LGBT+ dans leur écosystème professionnel.

Initiée en janvier 2013, et soutenue par des personnalités politiques et organisations internationales, la charte a été signée par plus de 250 organisations, touchant plus de 2 millions d’employés en France à la fin de 2023.

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