Mécénat de compétences : quels avantages ?

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Les entreprises deviennent-elles philanthropiques ? Un nombre croissant d’entre elles décident, en tous cas, de dégager du temps à leurs salariés afin qu’ils s’investissent dans des associations ou qu’ils participent à des projets d’intérêt général. Appelé « mécénat de compétences », ce dispositif offre des avantages à la fois humains et fiscaux. Explications.

Mécénat de compétences : de quoi parle-t-on ?

Le mécénat de compétences est un don en nature : il s’agit pour une entreprise de mettre des collaborateurs à disposition d’un organisme d’intérêt général, qui vont mobiliser pendant un temps leurs compétences ou leur force de travail.

Sa mise à disposition se fait sur son temps de travail, avec des conditions fiscales avantageuses.
Le mécénat de compétences est à distinguer du bénévolat (ou bénévolat de compétences) qui consiste pour un individu à donner de son temps personnel à une organisation à finalité sociale.

Consulter le guide pratique officiel du mécénat de compétences

Qu’est-ce qu’un organisme d’intérêt général ?

– Les associations, œuvres ou organismes d’intérêt général
– Les fondations ou associations reconnues d’utilité publique
– Les fondations d’entreprise
– Les établissements d’enseignement supérieur ou d’enseignement artistique public ou privés à but non lucratif agréés
– Les associations cultuelles ou de bienfaisance qui sont autorisées à recevoir des dons ou legs
– Les associations de droit local dont la mission a été reconnue d’utilité publique
– Les associations de financement électoral et associations agrées de financement des partis politiques
– Les organismes agréés pour la création d’entreprise
– La fondation du patrimoine

Chez SFR, le programme « Collaborateur Citoyen » permet à tous les salariés de consacrer entre 8 et 15 jours de temps de travail par an à leur engagement associatif. Un exemple qui n’est pas isolé. La société Admical, qui édite un baromètre du mécénat d’entreprise, indique qu’en moyenne, 10 000 nouvelles entreprises deviennent « mécènes » chaque année. Le montant global de leurs dons serait compris entre 3 et 3,6 milliards d’euros.  

Si les entreprises plébiscitent le mécénat, c’est en priorité pour contribuer à l’intérêt général, incarner leurs valeurs et valoriser leur image de marque. « Le mécénat de compétences est un dispositif mal connu qui a pourtant beaucoup de vertusIl permet de renforcer l’employabilité des collaborateurs, de favoriser leur bien-être et d’accroître leur engagement », assure Félix de Monts, fondateur de la start-up Vendredi.  

D’après un baromètre IFOP de 2019, 67 % des salariés mécènes développent également un sentiment d’appartenance plus fort à leur entreprise

Le mécénat de compétences pour donner du sens à la fin de carrière 

Né de la loi Aillagon en août 2003, le dispositif de mécénat en entreprise prend des formes très variées :  

  • transfert de compétences,  
  • soutien financier,  
  • team building solidaire,  
  • intermission,  
  • mentorat…  

Il s’adresse à la fois aux grands groupes dotés de programmes RSE comme aux PME souhaitant simplement avoir un engagement « citoyen » vis-à-vis de leur équipe. Si le mécénat de compétences cible tous les collaborateurs, il est particulièrement adapté aux seniors qui souhaitent préparer une transition vers la retraite. Il leur permet en effet de s’engager progressivement vers les projets associatifs qu’ils envisagent une fois à la retraite, tout en continuant à toucher leur rémunération. 

Depuis 2019, le groupe ADP (Aéroports de Paris) expérimente cette stratégie. Il propose à tous ses collaborateurs qui sont à moins de 3 ans de la retraite de s’engager dans une mission en association, à temps partiel, tout en continuant à bénéficier des avantages sociaux et de leur rémunération au prorata du temps travaillé. Un véritable enjeu pour le groupe dont la moyenne d’âge est de 47 ans.  

Quel retour sur investissement pour les entreprises ? 

Lorsqu’elles mettent en œuvre le mécénat de compétences, les entreprises ne sont toutefois pas complètement désintéressées. En France – « l’un des seuls pays d’Europe à avoir un cadre légal officiel », précise Félix de Monts – le dispositif leur permet de bénéficier d’une réduction de l’impôt sur les sociétés à hauteur de 60 % sur le montant des dons visant à soutenir une œuvre d’intérêt général. L’avantage fiscal est donc important.  

Résultat : certaines entreprises proposent même des mi-temps associatifs voire des temps pleins, « par exemple lorsqu’un collaborateur en fin de carrière occupe un métier en voie de disparition ou simplement parce qu’il y a un ralentissement de l’activité au sein de l’entreprise mais que celle-ci souhaite garder ses équipes mobilisées dans une dynamique professionnelle », indique-t-il. 

Dans le cadre du dispositif de temps partiel senior, le groupe Orange permet par exemple à ses salariés d’intégrer une association à mi-temps pendant deux ans avec le versement de 80 % de leur salaire.  

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