Précarité

Précarité au travail : état des lieux

La part des emplois précaires a fortement augmenté ces dernières années chez les jeunes. Comment les entreprises peuvent-elles agir ?
Précarité au travail

En France, la part des salariés occupant un emploi dit « précaire » (CDD, intérim, apprentissage…) a doublé depuis le début des années 80, selon l’INSEE. Sans surprise, ce sont les jeunes qui sont les plus touchés : plus de la moitié des moins de 25 ans ont un contrat précaire. Quelles formes la précarité revêt-elle ? Comment les entreprises peuvent-elles lutter contre la précarité ? Réponses. 

Quelles sont les différentes formes de précarité au travail ?   

En France, 3,3 % des emplois ont un statut précaire, selon les données 2021 de l’INSEE. Cela correspond plus précisément à 15,3 % de l’emploi salarié, soit 3,7 millions de salariés. C’est deux fois plus que dans les années 1980. Un emploi dit « précaire » est souvent associé à un contrat de travail qui contraint le salarié à alterner entre les périodes d’emploi et de chômage récurrent. Il désigne par exemple :  

  • Un contrat à durée déterminée (CDD) ou un contrat aidé,  
  • Une mission d’intérim, 
  • Un temps partiel subi (souvent en attente d’un temps plein), 
  • Un emploi faiblement rémunéré ou dont la rémunération n’évolue jamais,  
  • Un emploi ayant des conditions de travail d’une pénibilité élevée. 

À noter que dans les chiffres de l’INSEE, les emplois non-salariés (artisans, entrepreneurs individuels, commerçants…), qui représentent plus de 10 % de l’emploi total, ne sont pas comptabilisés. Pourtant, nombre d’entre eux sont très précaires.  


Une précarité plus prononcée dans Les Hauts-de-France

Selon l’INSEE, la région des Hauts-de-France est celle au sein de laquelle les emplois précaires sont les plus nombreux. Dans ce territoire où subsistent des fragilités socio-économiques et un taux de chômage élevé, le recours aux contrats en intérim et aux contrats aidés y est plus important qu’ailleurs. En 2019, les formes particulières d’emploi (qui englobent les CDD, l’intérim et les contrats aidés) représentaient 16,8 % des heures rémunérées, contre 15,7 % dans le reste de l’Hexagone. 

Quelles populations sont les plus touchées par la précarité au travail ? 

Outre les salariés immigrés et les étrangers, ce sont les jeunes qui sont les premières victimes de la précarité. Chez les moins de 25 ans, le taux de précarité a bondi de plus de 30 % entre 1982 et 2000, selon l’INSEE. En 2021, plus de la moitié (56,9 %) de ces jeunes disposait d’un contrat précaire. Des chiffres à prendre avec des pincettes car les contrats d’apprentissage sont aussi considérés comme précaires. Quoiqu’il en soit, lorsqu’on interroge des salariés en CDD ou en intérim, 81,6 % des 15-24 ans disent qu’ils préfèreraient un CDI, selon l’INSEE. Preuve que leur contrat est plutôt subi que choisi.  

Si l’emploi précaire augmente chez les deux sexes, les femmes restent toutefois plus souvent concernées : 15,9 % des femmes, contre 14,6 % des hommes occupaient un emploi précaire en 2021. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette différence. Le premier est le recours au temps partiel, qui concerne plus d’une femme salariée sur quatre, contre moins d’un homme sur dix, selon la DARES. Le second est la monoparentalité : dans 85 % des cas, le parent seul est une femme. À cela s’ajoute la persistance de stéréotypes qui freinent les femmes dans l’évolution de leur carrière et rémunération. 

Source : Observatoire des inégalités de l’INSEE

A noter que le secteur privé n’est pas le seul à proposer des emplois précaires. Dans le public, le développement des contractuels s’y apparente également.  

Les difficultés financières des populations touchées par la précarité s’accompagnent souvent de difficultés psychologiques. Puisqu’elle induit de l’instabilité, la précarité professionnelle a donc un impact néfaste sur la santé mentale des jeunes et des femmes. Elle leur empêche de réaliser des projets (obtenir un prêt pour devenir propriétaire, impossibilité de se projeter dans l’avenir…) Les périodes de chômage sont donc a minima un facteur de stress pour ces cibles voire, pour les plus fragiles, une source de souffrance, parfois même de dépression.  

Comment lutter contre la précarité au travail ?  

En plus des pouvoirs publics, les employeurs ont un rôle à jouer pour tenter de diminuer la précarité au travail. Les entreprises peuvent par exemple :  

  • Privilégier les embauches en CDI, car dans certains secteurs (industrie, restauration, transport…), le recours aux contrats de travail précaires relève plutôt d’un choix de gestion. 
  • Transformer les contrats courts en contrats stables. Selon la DARES, 9 millions de contrats courts toute l’année pourraient devenir des contrats stables. 
  • Signer des accords collectifs sur la durée du travail, en sollicitant leur Comité social et économique (CSE), dont le rôle est de veiller sur les intérêts des salariés. 
  • Mettre en œuvre des mesures visant à diminuer la précarité, par exemple en favorisant les mobilités professionnelles entre les services, en fonction des besoins de l’entreprise. 
  • Investir davantage dans la formation, qui constitue un tremplin pour les salariés moins qualifiés, chez qui l’employabilité doit être accrue. 
  • Adhérer à un groupement d’employeurs, pour adapter le recrutement aux fluctuations du marché, sans précarité pour le salarié qui travaille tour à tour au sein de plusieurs entreprises. 

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