Egalité Professionnelle

Conseils d’administration et diversité : encore des efforts !

Douze ans après la loi Copé-Zimmermann, KPMG, un réseau mondial de cabinets d’audit et de conseil, a publié en septembre une grande enquête « Enjeux et opportunités de la diversité au sein des conseils ». Si la parité ne fait pas partie de ce que l’on nomme la diversité, Il nous a paru intéressant de mettre en relation le bilan de cette loi et les résultats de cette étude. Un rapprochement qui se révèle riche d’enseignements.

L’importance des quotas

Selon un rapport du Sénat paru en juillet 2021, « La France se situe aujourd’hui au premier rang mondial en termes de féminisation des conseils d’administration des grandes entreprises cotées. Nous sommes loin devant devant la Norvège, l’Italie, la Suède, la Finlande, l’Allemagne ou les Etats-Unis; avec une proportion de plus de 46 % de femmes en 2021 . En dix ans, cette proportion a plus que triplé en France. »

En revanche, la parité au sein des instances de gouvernance des entreprises (petites capitalisations boursières ou sociétés non cotées) reste limitée. Et c’est l’un des enseignements de cette loi : sans quotas, les choses n’avancent pas !

Pour autant, poursuit le rapport, la féminisation des conseils d’administration et de surveillance des grandes entreprises a contribué à mettre en œuvre de profonds changements dans la pratique de la gouvernance économique des entreprises.

Ainsi, Laurence Parisot, administratrice dans de nombreux conseils, se réjouit de l’existence de cette dernière : « je voudrais que vous sachiez tous et toutes, y compris celles et ceux qui n’ont pas eu l’occasion de fréquenter des conseils d’administration, combien ils ont changé ! C’est même à peine croyable et difficile à décrire ».

Chiara Corazza, directrice générale du Women’s Forum, souligne, elle, que « ce texte a permis un changement des mentalités, comme il a permis d’améliorer les performances des entreprises – ce constat est unanime. »

Le long chemin vers la diversité

S’il reste du chemin à faire pour la parité au sein des CA des entreprises non cotées, il en reste encore plus pour introduire une réelle diversité.

Dans l’étude de KMPG, plus de 700 administrateurs ont été interrogés dans le monde entier, et le premier enseignement questionne. 90 % des interviewés en France (contre 73 % du panel mondial) pensent que la diversité des points de vue et de la composition du conseil d’administration est considérée comme pertinente pour la prise en considération par l’entreprise de son rôle en termes sociétaux. Un chiffre étonnant lorsque l’on sait que les conseils d’administration des entreprises ne constituent pas de grands exemples de diversité :

  • L’âge moyen est de 54 ans
  • les moins de 40 ans ne représentent que 4% des administrateurs
  • 4 % seulement des administrateurs du CAC40 et du SBF120 sont non-français et/ou non-blancs. (d’après le premier baromètre de la diversité dans la gouvernance des entreprises françaises réalisé à l’initiative du Club XXIe siècle)

Les administrateurs recherchent la diversité… sans la mettre en place

Le sujet fait débat et voit émergé une prise de conscience. En effet, 68% des interrogés déclarent que s’ils devaient créer leur conseil d’administration aujourd’hui, ils y apporteraient des changements notables. 11% seraient même prêts à apporter des changements radicaux.

Le manque de diversité des points de vue constitue une perte d’opportunités jugée préoccupante. Selon 68 % des administrateurs, ce manque de diversité empêche l’émergence de discussions judicieuses, l’identification de risques ou de sujets importants pour l’avenir de l’entreprise.

Pour accompagner ce résultat, voici le classement des diversités jugées les plus bénéfiques :

  • les diversités liée aux compétences digitales et technologiques et la diversité des origines ethniques et raciales (63,2 %).
  • La nationalité (52,6 %).
  • Les catégories socio-économiques (42,1 %).

Au vu de ces chiffres, nous sommes en droit de nous demander ce qui empêche les administrateurs de mettre en place une réelle diversité au sein de leur conseil. En effet, ce qui modifierait sans aucun doute les stratégies des entreprises, leur composition et leur organisation.

Par Véronique Pierré