Egalité Professionnelle

Egalité des sexes : « L’Armée de l’Air et de l’Espace est la plus féminisée de toutes » 

Historiquement, en France le domaine militaire était majoritairement, voire exclusivement masculin. Aujourd'hui, ce secteur progresse et agit en matière de politique RH pour l'inclusion des femmes au sein de l'Armée de l'Air et de l'Espace.

En matière d’égalité des sexes, l’Armée de l’Air et de l’Espace fait partie des bons élèves. Au fil des années, à force de multiplier les initiatives en faveur de l’inclusion des femmes, elle parvient à attirer un nombre croissant de jeunes talents féminins, comme l’explique Manuel Alvarez, directeur des ressources humaines de l’Armée de l’Air et de l’Espace.  

Quelle est la place des femmes dans l’Armée de l’Air et de l’Espace ? 

En France, l’Armée de l’Air et de l’Espace est la plus féminisée de toutes. Nous dénombrons 25 % de femmes dans nos effectifs, c’est-à-dire 10 000 aviatrices sur un effectif total de 40 000 aviateurs. À titre de comparaison, l’ensemble des armées françaises affichent plutôt une moyenne de 17 % de femmes. Sans surprise, la proportion de femmes varie beaucoup entre les catégories (officiers, sous-officiers, militaires du rang…) et les métiers. Typiquement, dans les métiers de secrétariat, on dénombre 80 % de femmes tandis que dans ceux de personnel naviguant, on en compte que 7 %. Si notre armée est la plus féminisée, c’est en partie parce que depuis le début des années 2000, tous nos postes sont ouverts aux femmes. Comme, chaque année, nous recrutons 4000 jeunes, nous ne pouvons pas nous passer de la moitié des talents, la concurrence avec le secteur privé étant rude ! Par ailleurs, je suis convaincu que la richesse des organisations vient de la diversité de leur équipe.  

25% des effectifs de l’Armée de l’Air et de l’Espace sont des femmes

Manuel Alvarez, directeur des ressources humaines de l'Armée de l'Air et de l'Espace

Existe-t-il un plafond de verre ?  

Les femmes restent moins représentées sur des postes aux grades supérieurs. C’est lié au poids de l’histoire : comme nous recrutons uniquement des jeunes candidats, il leur faut plusieurs années pour qu’ils atteignent des grades de colonel ou d’officier général. Aujourd’hui, sur la trentaine de bases aériennes que nous dénombrons en métropole, 6 sont commandées par des femmes. Ces femmes colonels ont été recrutées il y a 20 ans. Il leur a donc fallu du temps pour gravir les échelons. Le grade d’officier général suppose, quant à lui, 30 ans d’expérience. Or, il y a 30 ans, les femmes étaient très minoritaires dans l’École de l’Air et de l’Espace. Dans ma promotion composée de 100 élèves, il y avait par exemple 3 femmes qui, d’ailleurs, ne sont pas restées dans l’Armée, parce que l’environnement que celle-ci offrait à l’époque n’était pas propice à leur épanouissement. Il y avait donc beaucoup de déperdition. Aujourd’hui, au sein de l’Armée de l’Air, 3 officiers généraux sur 75 sont des femmes.    

6 bases aériennes sont commandées
par des femmes en métropole

Comment réussissez-vous à féminiser vos métiers ?  

Nous les sur-représentons dans nos campagnes de communication, notamment dans nos spots TV et nos campagnes d’affichage…, en particulier lorsque nous recrutons sur des métiers dits « guerriers » comme ceux de pilote de chasse et fusilier commando, jugés plus masculins. Nous avons également rejoint l’initiative « Féminisons les métiers de l’aéronautique et du spatial », lancée par l’association Airemploi, qui vise à accroître la mixité professionnelle dans les industries du secteur et dans nos armées. Elle dénombre 25 membres dont Airbus, Air France mais aussi l’Armée de l’Air et de l’Espace qui, chaque année, le 8 mars, organisent un évènement durant lequel des jeunes femmes – souvent des lycéennes – sont conviées. Quoiqu’il en soit, nous ne faisons pas de discrimination positive envers les femmes. Cela leur enlèverait leur légitimité face à leurs homologues masculins. Ainsi, une femme qui atteint le grade d’officier, c’est parce qu’elle le mérite, non parce qu’elle est une femme.  

“Ainsi, une femme qui atteint le grade d’officier, c’est parce qu’elle le mérite, non parce qu’elle est une femme”

L’Armée de l’Air et de l’Espace étant technologique, elle embauche des profils issus des filières scientifiques, où l’on sait que les femmes sont moins présentes. Menez-vous des actions dédiées à destination des jeunes filles scientifiques ?  

Étant donné que 75 % de nos premiers contacts avec nos candidats se font sur Internet, notamment via les réseaux sociaux, nos actions sont essentiellement numériques. Pour autant, nous tenons également à être présent sur le terrain, par exemple dans les lycées, au sein des forums étudiants, pour tenter d’attirer de jeunes femmes, notamment issues des filières scientifiques. Nous pouvons enfin compter sur nos ambassadrices en interne. Caroline Aigle, qui était la première femme pilote de chasse et qui est décédée il y a quelques années, était l’une d’entre elles. Tout comme Sophie Adenot, la première femme pilote d’essais d’hélicoptère qui, depuis, a rejoint l’Agence spatiale européenne en tant qu’astronaute. Aujourd’hui, Dominique Arbiol, qui est la première femme à être officier général 4 étoiles, est par exemple sollicitée par les écoles de commerce et d’ingénieur pour raconter son parcours extraordinaire et témoigner de l’évolution de la place des femmes dans les armées. 

75% des premiers contacts se font sur internet,
notamment via les réseaux sociaux

La parité dans l’Armée de l’Air et de l’Espace, vous y croyez ?  

“En 2023, un aviateur recruté
sur trois était une femme”

Cela va prendre du temps, d’autant qu’on passera forcément par des périodes de stagnation. Toutefois, ce que je constate, c’est que nous sommes dans une dynamique positive. En 2023, un aviateur recruté sur trois était une femme. En toute logique, la proportion de femmes devrait donc significativement évoluer dans les prochaines années. Le plan mixité du ministère des Armées, mis en place en 2019 et porté par la Ministre Florence Parly, nous a mis sur de bons rails. Car depuis 2010, le pourcentage de femmes stagnait dans nos armées. Le fait que nous ayons obtenu, en 2022, le label de l’Afnor en matière d’égalité professionnelle devrait également nous aider à attirer des femmes.  

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