Egalité Professionnelle

Égalité des chances : les grandes écoles ont leur carte à jouer

Découvrez dans cet article les différents dispositifs mis en place par plusieurs grandes écoles française en faveur de l'égalité des chances. Découvrez également les constatations mais aussi la solution de Mixity, pour mesurer l'engagement en faveur de l'inclusion et de la diversité.

Grâce aux politiques volontaristes des grandes écoles en matière d’inclusion, l’égalité des chances progresse dans le monde de l’enseignement supérieur. Cependant, la route est encore longue. Autocensure, freins financiers, manque d’accompagnement sont autant d’obstacles auxquels se heurtent les étudiants issus de la diversité.

Les grandes écoles font-elles de l’inclusion un sujet prioritaire ? Pour Nicolas Sonnette, expert Diversité & Inclusion pour Mixity, la réponse est oui. « Sous la pression de leurs étudiants mais aussi des entreprises, les écoles cherchent incontestablement à diversifier leurs viviers d’étudiants », explique-t-il. L’engagement RSE, désormais pris en compte dans les classements, encourage également les écoles à développer des politiques fortes en matière d’inclusion. « Cependant, elles n’en font pas encore un sujet stratégique. C’est plutôt un pan de leur politique RSE. Cela mériterait d’être mieux intégré dans le projet des écoles », estime Nicolas Sonnette.

Résultat : même si elle est souhaitée, l’égalité des chances dans l’enseignement supérieur n’est pas encore une réalité. Les élèves boursiers ne représentent par exemple que 12 % des élèves des grandes écoles, contre 34 % plus globalement dans les établissements supérieurs, selon le Ministère de l’Enseignement Supérieur de la Recherche et de l’Innovation (MESRI). Par ailleurs, le pourcentage d’étudiants en situation de handicap qui poursuivent leurs études vers le supérieur est seulement de 20 %.

emlyon business school ouvre les bras aux étudiants boursiers

“Nous finançons jusqu’à 100 % des frais de scolarité des étudiants boursiers, en fonction de leur échelon. Notre objectif est d’accueillir 30 % d’élèves boursiers d’ici à 2025.”

Bénédicte Bost, emlyon business school

Parmi les sujets portant sur l’inclusion, la mixité sociale est certainement celui sur lequel les grandes écoles s’engagent le plus. Peut-être en réaction à l’augmentation croissante de leurs frais de scolarité. Certains établissements à l’image de PolyTech et d’emlyon font figure de porte-drapeaux.

Pour lutter contre les déterminismes sociaux, l’école de commerce a mis en place une politique volontariste en faveur des élèves boursiers de son Programme Grande École. « Nous finançons jusqu’à 100 % des frais de scolarité des étudiants boursiers, en fonction de leur échelon. Notre objectif est d’accueillir 30 % d’élèves boursiers d’ici à 2025. », explique Bénédicte Bost, directrice engagement social et environnemental au sein d’emlyon. Un engagement qui est loin d’être isolé. L’école, devenue société à mission en 2021, multiplie les mesures en faveur de la mixité sociale. « Nous avons mis en place plusieurs initiatives qui sont labélisées « Cordées de la Réussite » par le Ministère de l’éducation nationale, via lesquelles nous avons déjà accompagné plus de 6500 étudiants issus des quartiers de l’éducation prioritaire ou de milieu rural. »

Une année de tremplin pour les Bac Pro

Pour contrecarrer leur image élitiste et chère, les grandes écoles sont de plus en plus nombreuses à créer des filières spécifiques dites « Tremplin”. Ces dernières « prévoient une année supplémentaire avant l’entrée dans le programme classique », indique Nicolas Sonnette.

En septembre dernier, Audencia lançait par exemple, en partenariat avec le groupe Maisons du Monde, le programme « Sirius ». C’est un dispositif gratuit qui permet à une dizaine de lycéens des régions Pays-de-la-Loire et Bretagne, titulaires d’un Bac professionnel, de suivre une année de renforcement. Cela leur permet de consolider leurs compétences, reprendre confiance en eux pour ensuite postuler au Bachelor d’Audencia. Sciences Po dispose d’un programme quasi-similaire : le dispositif des « Conventions éducation prioritaire » (CEP). Il permet à des jeunes de milieu populaire issus de 200 lycées partenaires dans toute la France de suivre des ateliers de préparation. L’objectif étant de maximiser leurs chances d’être admis au sein de la prestigieuse et sélective institution parisienne.

Le handicap, le parent pauvre des politiques inclusion

« les personnes en situation de handicap sont peu représentées dans les hautes études, donc aux postes de cadres en entreprise »

Nicolas Sonnette, Mixity

Là où les grandes écoles peinent à faire bouger les lignes, c’est sur le sujet du handicap. Malgré la présence de référents handicap dans les établissements, « les personnes en situation de handicap sont peu représentées dans les hautes études, donc aux postes de cadres en entreprise. », rappelle Nicolas Sonnette.

Dans son baromètre, la Conférence des Grandes Écoles (CGE) estime à 1,57 % le pourcentage d’étudiants en situation de handicap présents dans les écoles qu’elle représente. « Les grandes écoles privées ne bénéficient pas ou très peu de subventions publiques par leur ministère de tutelle pour l’accompagnement des étudiants handicapés et la mise en place des aménagements nécessaires. », écrit la CGE, dans un livre blanc dédié au handicap. Toutefois, Montpellier Business School tente d’être créatif. Via le dispositif PHARES, elle propose aux collégiens et lycéens en situation de handicap et ayant la capacité de poursuivre des études supérieures, un programme de tutorat par des étudiants. « Le travail porte sur la confiance en soi, la prise de parole, l’autonomie, l’organisation dans le travail et la responsabilisation. », précise Nadège Ortiz-Borys, coordinatrice handicap et RSE chez MBS.

Mixity lance un outil de diagnostic pour les écoles

Les établissements d’enseignement supérieur souhaitant mesurer leur engagement en faveur de l’inclusion et de la diversité peuvent se tourner vers « Mixity Campus ». C’est un outil de mesure et de pilotage lancé par Mixity en partenariat avec Montpellier Business School. Il repose sur l’évaluation à 360° des processus diversité et inclusion des écoles et s’intéresse à la fois aux données quantitatives (le nombre d’étudiants boursiers…) et qualitatives (le ressenti des étudiants…). À l’issue du diagnostic, cinq scores sont restitués sur le genre, le handicap, le multiculturel, le multigénérationnel et les LGBT+. Enfin, Mixity propose un plan d’action aux écoles pour les aider à agir sur les points les plus saillants.