Etat de santé

Santé mentale des salariés : les entreprises doivent agir !

Nombreux sont les salariés qui rencontrent des  difficultés psychologiques  au travail. Si le sujet de la santé mentale est encore difficile à aborder en entreprise, les employeurs doivent prendre la mesure de cette problématique et agir.
santé mentale en entreprise

Alors que 44 % des collaborateurs seraient en détresse psychologique selon un baromètre d’Empreinte Humaine, la santé mentale reste un sujet encore mal adressé par les entreprises. Et pourtant, ces dernières ont leur part de responsabilité dans le mal-être exprimé par les actifs. Mis en lumière par la crise du Covid-19 et ses confinements successifs, le sujet de la santé mentale doit rapidement devenir une priorité stratégique dans les politiques RH des entreprises.    

Santé mentale : les chiffres qui alertent !  

  • La France présente, au sein des pays européens, un des taux de suicide les plus élevés, 
  • En 2021, plus de 4 % des Français ont eu des pensées suicidaires, 
  • Les pensées suicidaires ont été multipliées par deux chez les 18-24 ans depuis 2014 (et par trois si on ne prend en compte que les jeunes femmes), 
  • Les pensées suicidaires ont été multipliées par trois chez les femmes de 18-24 ans en 2014, 
  • Les tentatives de suicide déclarées ont bondi de 50 % par rapport à 2017 (de 6,1 % à 9,2 %). 

Source : Santé publique France, 2021 

Le témoignage de Julia Néel Biz, co-fondatrice de teale, une application dédiée à la santé mentale en entreprise

Burn-out, pensées suicidaires, dépression… La santé mentale des collaborateurs se détériore depuis la crise du Covid-19. Une réalité que les entreprises ne peuvent plus nier, encore moins si elles veulent devenir inclusives. Comment réussir à développer une culture du « care » ? Les réponses de Julia Néel Biz, co-fondatrice de teale

« Les problèmes des salariés ne restent pas à la porte de l’entreprise » 

Le dernier baromètre de Santé publique France révèle des chiffres inquiétants sur la détérioration de la santé mentale de la population, notamment des plus jeunes. Quels facteurs l’expliquent ?  

Outre le contexte économique et géopolitique, plusieurs facteurs expliquent cette dégradation. Chez les plus jeunes, l’utilisation des réseaux sociaux interroge beaucoup : ils peuvent s’avérer nocifs sur l’image de soi ou lorsqu’ils engendrent des comportements de harcèlement. L’éco-anxiété explique également ce mal-être : les plus jeunes, qui sont nés en pleine crise climatique, sont très concernés par ce sujet. Même si elle a mis en lumière le sujet, qui était tabou il y a encore quelques années, la crise sanitaire a également eu un impact négatif sur la santé mentale de la population. Pour toutes ces raisons, il est temps de s’intéresser à la préservation de la santé mentale des jeunes mais aussi de l’ensemble des salariés et d’en faire, comme demandé par le Sénat, une grande cause nationale.  

Comment les entreprises s’emparent-elles du sujet de la santé mentale ?  

Lorsque nous avons lancé notre plateforme Teale en 2021, les dirigeants et les DRH trouvaient le sujet intéressant mais avaient peur d’ouvrir « la boîte de Pandore ». Par ailleurs, ils s’interrogeaient sur la manière d’adresser ce sujet, alors même que la frontière entre la vie professionnelle et personnelle de leurs collaborateurs devenait tendue. Puis, la crise sanitaire est survenue, avec tous ses corolaires en matière de santé mentale : problèmes de sommeil, dépression, burn-out… Celle-ci a fait émerger une forte demande de la part des salariés d’être accompagnés sur ce volet. Et le soufflé n’est pas retombé après la crise. Aujourd’hui, les entreprises réalisent même qu’adresser le sujet de la santé mentale est un facteur d’attractivité, de rétention des talents, donc de performance. 

Quelles actions conseillez-vous aux entreprises qui veulent prendre soin de la santé mentale de leurs salariés ? 

Rappelons que prendre soin de la santé mentale de ses collaborateurs est une obligation légale.  Aujourd’hui, les entreprises déploient essentiellement des dispositifs « d’urgence », comme des lignes d’écoute, la mise à disposition de psychologues… Souvent, elles sont en réaction face à une situation qu’elles ont rencontré : le burn-out d’un salarié, un décès dans l’entreprise… Plutôt que de se focaliser uniquement sur de la curation, nous préconisons d’agir en amont avec des actions de prévention individuelles et collectives. Via, notre application digitale, nous proposons par exemple des parcours personnalisés. Si une entreprise est confrontée à un problème de sur-engagement des équipes, nous formons les managers, via du micro-learning, à repérer les signaux faibles du burn-out.  

Les managers sont-ils voués à devenir le psy de leurs salariés ?  

Notre ambition n’est pas là. Nous conseillons les managers sur ce qui relève de leur rôle, en l’occurrence sur la manière dont ils peuvent réagir lorsque leurs salariés vivent des situations personnelles difficiles, lorsqu’ils doivent accueillir un deuil au sein d’une équipe… Nous partons donc du principe que les problèmes des salariés ne restent pas à la porte de l’entreprise. Chez teale, nous sommes convaincus que la santé mentale ne doit pas uniquement être un « nice to have », mais une priorité stratégique portée par la direction et infusée à toutes les échelles de l’entreprise. De la même manière qu’on prend soin de nos dents plusieurs minutes par jour, on doit créer des habitudes pour prendre soin de notre santé mentale et apprendre à mieux appréhender nos émotions.  

3000 euros,
c’est, par an et par collaborateur, le coût de la non prise en charge de la santé mentale pour une entreprise.

selon une étude de Deloitte.

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