Sexisme et harcèlement sexuel : la frontière s’efface

Temps de lecture 5 min
Mauvaise nouvelle : le premier baromètre Sexisme 2022 réalisé pour le compte du Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes révèle que le sexisme est toujours persistant, systémique et massif !
Sexisme et harcèlement sexuel : la frontière s'efface

Un état des lieux préoccupant

Malgré la conscience quasiment unanime chez les 3000 personnes interrogées que le sexisme doit être combattu, celui-ci est vécu comme un état de fait imperceptible, impossible à déceler réellement lorsqu’il se manifeste au quotidien.

Les chiffres alarmants du baromètre Sexisme 2022

Le baromètre indique que plus de la moitié des Français et des Françaises (53 %) considèrent que les actes et propos sexistes sont en augmentation et détaille quelques chiffres qui font peur :

  • 53% des personnes interrogées ne se sentent pas informées sur les lois et sanctions existantes pour lutter contre le sexisme,
  • 77% considèrent que le sexisme reste impuni en France,
  • 46% des Françaises déclarent avoir déjà̀ été victimes d’actes ou de propos sexistes au travail,
  • 86% des Françaises ont déjà mis en place des stratégies d’évitement pour ne pas être victimes d’actes ou propos sexistes.

Consultez le baromètre 2022 complet

La nouvelle loi du 31 mars 2022 : une avancée législative

Des chiffres forts, que la nouvelle loi du 31 mars 2022 pour renforcer la prévention santé au travail entend faire diminuer en redéfinissant la notion du harcèlement sexuel dans le code du travail.

Une définition élargie du harcèlement sexuel

« Contrairement au Code pénal, cette nouvelle définition ne retient pas d’élément intentionnel pour constituer le harcèlement sexuel. Le harcèlement sexuel au travail est constitué lorsqu’il est subi par le salarié et non pas lorsqu’il est imposé par l’auteur ou les auteurs. » est-il précisé sur le site service-public.fr.

Les implications concrètes de la nouvelle loi

Concrètement, un propos ou comportement à connotation sexiste ou sexuel, tenu par une ou plusieurs personnes, portant atteinte à la dignité en raison de son caractère dégradant ou humiliant, ou créant une situation intimidante, hostile ou offensante, constitue un harcèlement sexuel puni par la loi.

Une responsabilité accrue pour les entreprises

Peu importe que le propos soit tenu de manière concertée ou à l’instigation d’une seule personne. La loi va encore plus loin, en incluant « toute forme de pression grave, même non répétée, exercée dans le but réel ou apparent d’obtenir un acte de nature sexuelle, que celui-ci soit recherché au profit de l’auteur des faits ou au profit d’un tiers. »

La fin de l’impunité pour les propos sexistes

Les propos sexistes – le plus souvent à l’égard des femmes –, même s’ils ne sont tenus qu’une seule fois, rentrent désormais dans la catégorie du harcèlement sexuel. Fini les blagues lourdes, les sous-entendus graveleux, les gestes déplacés qui semblent anodins à leurs auteurs, mais au minimum dérangeant pour celles et ceux à qui ils sont destinés.

Les entreprises en première ligne

A charge, pour les entreprises, d’expliquer en détail et concrètement à leurs collaborateurs ce que la loi va changer.

La formation et la sensibilisation : des clés pour le changement

Il est essentiel que les entreprises mettent en place des programmes de formation et de sensibilisation pour leurs employés. Ces programmes devraient inclure des ateliers interactifs, des séminaires et des ressources éducatives visant à informer les employés sur les nouvelles lois, les comportements appropriés et les conséquences du non-respect de ces lois.

La mise en place de politiques internes

Les entreprises doivent également adopter des politiques internes claires contre le sexisme et le harcèlement sexuel, et s’assurer que ces politiques sont bien communiquées et comprises par tous les employés. Des mécanismes de signalement anonymes et des procédures de traitement des plaintes doivent être établis pour garantir que les victimes se sentent en sécurité et soutenues lorsqu’elles dénoncent des comportements inappropriés.

L’importance du soutien aux victimes

Offrir un soutien adéquat aux victimes de sexisme et de harcèlement sexuel est crucial. Cela peut inclure l’accès à des services de conseil, un accompagnement juridique et des mesures de protection sur le lieu de travail. Les entreprises doivent travailler en collaboration avec des experts et des organisations spécialisées pour offrir le meilleur soutien possible à leurs employés.

A lire également :