Age & génération

Youth Forever : “Le mentorat est une piste pour favoriser l’inclusion des jeunes en entreprise”

Temps de lecture 5 min
La crise du Covid-19 a fragilisé les jeunes générations sur les plans scolaires, économiques, psychologiques... Une étude menée par l’association « Youth Forever », lancée par Emmanuelle Duez (The Boson Project), indique qu’à défaut de faire confiance aux politiques, les jeunes croient dans l’entreprise. Comment cette dernière peut-elle capitaliser sur leur confiance ? Les réponses de Jasmine Manet, pilote de l’association.

Quelle est la genèse de l’association « Youth Forever » ?

Le point de départ est une étude commandée à l’automne 2020 par L’Oréal sur l’impact de la crise du Covid-19 sur les jeunes générations en Europe. Le groupe avait besoin de comprendre les attentes des jeunes dans cette période particulière et de mieux comprendre sa responsabilité en tant qu’employeur.

Les résultats de cette étude ont confirmé notre intuition : la jeunesse d’aujourd’hui est différente car elle a été empêchée dans son envol par la crise sanitaire. Trois détresses apparaissent nettement : scolaire, financière et psychologique. L’association « Youth Forever » a été créée pour « réparer » cette jeunesse et la préparer aux enjeux de demain. Elle a pour vocation de faire monter en puissance les engagements des organisations à l’égard de la jeunesse.

Qu’attend cette jeunesse de l’entreprise ?

La bonne nouvelle, c’est que les attentes de la génération Z sont fortes vis-à-vis de l’entreprise. Les jeunes comptent sur elle non pas simplement pour donner du sens à leur travail mais pour avoir un impact systémique, dans le but d’adresser les crises sociales et climatiques.

Pour autant, ils ont conscience qu’ils ne sont pas prêts à affronter les défis de demain et ils attendent des entreprises qu’elles leur donnent des connaissances, des compétences et du pouvoir. Pour les accompagner, les entreprises peuvent se doter d’outils de décision leur permettant de prendre en compte les attentes des jeunes (des comités d’administration dédiés à la jeunesse, des agoras d’expression pour les jeunes employés…) et transformer leur « manager gestionnaire » en « manager coach ».

Les entreprises doivent-elles favoriser l’intergénérationnel ?

Ce sujet est un enjeu majeur pour les entreprises car il est source d’apprentissage, de collaboration et de performance. Il faudra être vigilant au risque de « décrochage » car les jeunes générations refusent l’héritage de leurs aînés et décrient le monde qui leur a été donné.

Tout l’enjeu sera donc de faciliter le dialogue entre les jeunes et les seniors. Car aujourd’hui, même s’ils partagent leur volonté d’écouter et de transmettre, ils ne se comprennent pas. Les jeunes, qui ont grandi avec la crise climatique, se projettent peu : ils ne croient pas dans la retraite, encore moins dans les parcours de carrière linéaires… Le mentorat entre les jeunes et les dirigeants est une piste pour favoriser l’intergénérationnel, tout comme la création de task force sur l’inclusion.

Comment soutenir l’inclusion des jeunes en entreprise ?

Le taux de chômage en Union européenne a bondi de presque 3 points en 9 mois pour atteindre 17,5 % pour les moins de 25 ans en novembre 2020. Le taux d’emploi des jeunes a d’ailleurs reculé 4 fois plus que celui de la population générale depuis avril 2020. La première initiative que les entreprises peuvent mener est donc de bâtir des plans de recrutements à destination des jeunes.

En 2021, Carrefour a par exemple recruté 15 000 jeunes dont 7000 en CDI et 8000 en alternance. La seconde, c’est de mettre à disposition de la jeunesse les savoirs dont elles disposent en interne. Amazon développe par exemple une formation open source sur ses expertises afin d’aider les jeunes à mieux appréhender les enjeux de demain.

Par Aurélie Tachot