Inclusion

L’illectronisme comme facteur d’exclusion professionnelle

Savez-vous que l'illectronisme est plus présent qu'on ne le pense en France ? Et que ce dernier peut être un facteur non seulement d'exclusion sociale mais aussi d'exclusion professionnelle ! Découvrez dans cet article, une définition claire de l'illectronisme, des chiffres clés, mais aussi comment faire, en tant qu'entreprise pour lutter contre l'exclusion numérique.

L’illectronisme est encore très présent en France, en 2021. Exemple.15,4 % de la population n’avait pas de compétences de base ou ne se servait pas d’Internet, selon l’INSEE en 2023. Une situation d’illectronisme qui touche forcément des salariés et que les entreprises ne doivent donc pas prendre à la légère.  

Qu’est-ce que l’illectronisme ? 

L’illectronisme est un néologisme, né de la contraction entre deux mots : illettrisme et électronique. Il fait référence à la fracture numérique qui, d’après une étude dévoilée en juin 2023 par l’INSEE, touche plus de 8 millions de personnes en France. Soit plus de 15 % de la population. Concrètement, les personnes ne possédant pas les compétences numériques de base ou ne se servant pas d’Internet sont concernées par cette situation. Le premier facteur de l’illectronisme est l’âge. Toutefois, ce n’est pas le seul. Globalement, selon l’INSEE, l’illettrisme numérique est le plus répandu chez :  

  • Les seniors : il affecte 61,9 % des plus de 75 ans et 24,2 % des 60-74 ans, versus 2,4 % des 15-24 ans, 
  • Les plus modestes : 9 % des ouvriers contre 2 % des cadres, 
  • Les moins diplômés : à âge équivalent, les non-diplômés sont 7 fois plus concernés que ceux disposant d’un niveau Bac+3 ou plus, 
  • Les personnes vivant seules (30 % des cas) ou en couple sans enfant (20 % des cas). 

Si l’illectronisme est une préoccupation forte, c’est parce que les technologies de l’information prennent une place de plus en plus importante dans notre société, en matière de communication, de mobilité, d’accès au savoir… D’autant plus depuis la pandémie du Covid-19, qui a accéléré le phénomène. À titre d’exemple, les services publics (déclaration d’impôt, immatriculation d’un véhicule, renouvellement de papiers d’identité…) sont aujourd’hui majoritairement dématérialisés et nécessitent, pour y avoir accès, une connaissance minime des outils numériques. 

En quoi l’illectronisme est source d’exclusion dans le monde du travail ? 

L’illectronisme est non seulement une source d’exclusion sociale (isolement, perte de confiance…), mais aussi professionnelle. De manière générale, les personnes ne maîtrisant pas les outils numériques ont plus difficilement accès aux formations, durant lesquelles les savoirs s’apprennent et se partagent le plus souvent en ligne. L’obtention d’un diplôme ou d’un certificat devient ainsi plus complexe. La recherche d’emploi, qui se joue majoritairement sur les jobboards et autres plateformes digitales, est, elle aussi, plus difficile lorsqu’on ne maîtrise pas les outils numériques. Pour candidater au sein d’une entreprise, il faut a minima disposer d’une adresse mail, donc avoir un accès à Internet.  

Une fois en poste, les personnes en situation d’illectronisme se confrontent de nouveau à cette fracture numérique. L’exemple le plus emblématique est celui du télétravail. Très plébiscité par les entreprises depuis la pandémie, le travail à distance (et l’avalanche d’outils numériques qu’il sous-tend) creuse les inégalités entre les salariés équipés et les autres. En cela, le télétravail peut constituer un frein à l’égalité des chances. Si le sujet interpelle les entreprises, c’est également parce que nous sommes à un tournant de leur développement : une fois pleinement entrées dans l’ère de l’intelligence artificielle et de l’Internet des objets (IoT), leurs salariés devront obligatoirement disposer d’une solide culture numérique, quel que soit leur poste, au risque d’être mis sur la touche. 

Quel est le rôle de l’entreprise dans la lutte contre l’exclusion numérique ? 

Pour faire du numérique un facteur d’inclusion plutôt que d’exclusion, les employeurs ont leur carte à jouer. Voici les pistes que les entreprises peuvent facilement exploiter :  

  1. Former les salariés en continu via des ateliers pratiques, en présentiel ou en e-learning, afin qu’ils acquièrent les connaissances liées au numérique, en collaboration avec les collectivités. 
  2. Développer le « reverse mentoring » (ou « mentorat inversé), durant lequel un jeune salarié (plus à l’aise avec le numérique) forme un salarié senior sur les outils digitaux. 
  3. Encourager le partage de bonnes pratiques, via des outils simples de collaboration internes, des groupes de discussion en ligne, des espaces de partage de documents…  
  4. Favoriser la transversalité entre les salariés de différents postes pour effacer le travail en silos et accélérer l’acclimatation de tous aux outils numériques. 
  5. Embarquer et impliquer les salariés dans le processus de digitalisation de l’entreprise, afin d’éviter qu’ils subissent cette transformation nécessaire. 
  6. Surmonter la résistance au changement, en formant les managers qui sont en première ligne face aux plus réticents, mais aussi en menant des programmes de conduite du changement.
  7. Fournir une assistance continue sur le sujet, via des ressources en ligne ou au format papier, des sessions d’accompagnement individuelles, un numéro de soutien… 

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